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> Cours Remise en Question > Chapitre 2

Chapitre 2 : Ce que les doutes et réactions disent de toi

“Il y a des idées qu'on effleure du bout des doigts, puis qu'on repose comme un livre trop dense ou trop intime.”

Il y a des sujets qui ne passent pas, ou pas tout de suite. On les lit, on les entend, on les croise. On les range mentalement dans la case “pas pour moi”, ou “peut-être plus tard”. Parfois on n'a pas d'avis clair, juste une impression : c'est flou, abstrait, trop intérieur, ... On s'en éloigne parfois, peut-être par réflexe ou par crainte. Parce que cela nous correspond pas ou parce que cela dérange une logique installée, ou bouscule notre perception des choses.

Refuser ou éviter certains sujets, surtout ceux qui touchent à notre vérité, ne signifie pas qu'on est fermé. Cela révèle simplement qu'une partie de nous ne se sent pas (encore) en sécurité pour s'y ouvrir — et parfois à raison: une intuition qui nous montre notre chemin, notre rythme d'exploration.

Mais il arrive que cette réaction défensive devienne automatique. Ce n'est plus seulement une tentative de se préserver, mais un éloignement chronique, presque imperceptible, vis-à-vis de ce qui touche à l'essentiel. Et à force, on finit par confondre protection et fermeture.

Exemple : On veut “prendre soin de soi” en écartant tout ce qui nous dérange… mais à force de tout filtrer, on finit par faire barrage à ce qui pourrait justement nous éclairer ou nous bousculer à bon escient.

Les sujets liés à l'intuition, à l'écoute intérieure, ou à une forme d'éveil plus vaste provoquent parfois une gêne. Comme s'ils révélaient un décalage : entre ce que l'on sent profondément — sans toujours pouvoir le nommer — et ce qu'on a appris à croire, à suivre, à valoriser.

Par exemple, on entend quelqu'un parler de “ressentir l'énergie d'un lieu” ou de “s'écouter pleinement”… et intérieurement, on est dérangé ou on ressent un léger malaise.

Face à ce décalage, différentes formes de résistance peuvent émerger :

– L'intellectualisation : on analyse, on décortique, on doute… pour ne pas sentir.
“Oui mais scientifiquement, est-ce que ça tient ?”... alors qu'une bonne question à se poser pourrait-être : “Qu'est-ce que ça me fait, là, tout de suite ?”, "Quelle perception j'en ai sans chercher de preuves ?"

– La dérision et le jugement : on tourne en dérision, on rit, on juge, on rabaisse. “C'est pour les perchés”... Rire, parfois, protection face à un trouble.

Aucune de ces postures n'est à condamner. Elles sont des signaux, des formes d'intelligence défensive. Des manières d'éviter ce qui semble flou, ou potentiellement déstabilisant.

Mais si tu observes bien, tu verras que l'inconfort ne vient pas tant du sujet lui-même… que de ce qu'il réveille. Il émane d'une tension intérieure, entre le confort du connu et l'appel d'une lucidité plus intime.

Oui, ces sujets peuvent déranger. Non pas qu'ils soient hors de ta portée, mais parce qu'ils parlent à une part de toi qui ne fonctionne ni par logique, ni par preuve, mais par ressenti. Une part fine, sensible… que tu n'as peut-être pas encore appris à écouter pleinement — ou à prendre au sérieux.

Et peut-être même que tu y es sensible mais que cela te trigger toujours pour une raison ou une autre par moment. Pour illustrer, voici une expérience que j'ai vécue récemment: il n'y a pas longtemps, je me suis surpris à tilter face à un discours (d'une personne que j'aime beaucoup en plus). Intérieurement, je savais que ce que la personne disait était juste pour moi, mais c'est comme si, au fond, un ancien moi refaisait surface ressentant un léger agacement par rapport à ce discours/sujet. Des résistances donc, sûrement en rapport à une suradaptation que j'ai pu développer par le passé.



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